Plongée sous-marine à Toulon : explorer le secret le mieux gardé de la Méditerranée

15 juillet 2025

cofstoulon.fr

Une rade au patrimoine naturel et historique extraordinaire

Impossible de parler de Toulon sans évoquer sa rade : la plus belle d’Europe, disaient déjà les amiraux britanniques il y a plus de deux siècles. Mais au-delà de la carte postale, direction sous la surface. Avec ses 1 700 hectares, sa profondeur variant de 10 à 40 mètres et son histoire maritime chargée, la rade de Toulon attire les plongeurs du monde entier — novices comme confirmés.

Ce terrain de jeu subaquatique naturel est encadré par les presqu’îles de Saint-Mandrier et du Cap Brun, offrant des conditions de plongée souvent idéales : une eau claire (visibilité moyenne de 15 à 25 m l’été selon l’Ifremer), une protection contre les grands courants, et une biodiversité en pleine santé (source : Ifremer). Mais la vraie richesse de la rade de Toulon, c’est la combinaison rare de vestiges historiques, de curiosités écologiques et de plongées accessibles aux quatre saisons.

Des épaves mythiques et des histoires à explorer

La rade de Toulon, c’est d’abord un Atlantis pour amoureux d’épaves. Au large du Mourillon jusqu’aux abords de Saint-Mandrier, on compte pas moins d’une dizaine d’épaves majeures accessibles en plongée loisir. Les plus célèbres ?

  • Le sous-marin Le Rubis : placé à 40 mètres de fond, ce bâtiment de la Marine nationale coulé en 1958 est devenu un haut-lieu de plongée technique et de photographie sous-marine.
  • Le Sagona : ce caboteur norvégien bombardé en 1945 repose à seulement 25 mètres, accessible dès le niveau 1, et se distingue par la richesse de son écosystème — congre, murène, chapons en font leur repaire.
  • Le Dornier DO 24 : rareté, ce petit hydravion allemand de la Seconde Guerre mondiale offre aux passionnés d’aviation une expérience unique, à l’abri des vents et des grandes houles.

Selon le Conservatoire du Littoral, plus de 40 épaves, civiles et militaires, sont recensées entre la rade et la haute mer toulonnaise (source : Conservatoire du Littoral).

Une biodiversité méditerranéenne qui a retrouvé des couleurs

On l’oublie trop souvent : la rade de Toulon a connu une grave pollution industrielle jusqu’aux années 1970. Pourtant, les efforts conjoints des associations, des clubs de plongée et des collectivités ont permis de réhabiliter ces fonds. Les seiches et poulpes y abondent à nouveau, les posidonies regagnent du terrain (1 000 hectares replantés en 15 ans selon la Métropole TPM) et mérous, sars, doris et barracudas sont de plus en plus fréquents.

  • En 2019, le site de l’Anse Méjean a obtenu le label Aire Marine Éducative, saluant la qualité de la biodiversité retrouvée.
  • Les sites de la baie du Lazaret et du Cap Sicié sont parmi les rares refuges pour l’herbier de posidonies, véritable "poumon vert" de la Méditerranée (source : Office Français de la Biodiversité).

La presence régulière de dauphins, rorquals et tortues luths lors de croisières-plongée n’est plus une légende urbaine : 19 espèces de mammifères marins ont été recensées sur la façade varoise en une décennie (source : GIS Posidonie).

Des spots variés pour plongeurs de tous niveaux

Autre atout majeur, la rade est accessible à tous les profils — du baptême de plongée à la Tek ultra-expérimentée. Les clubs locaux (une quinzaine, du Mourillon à Saint-Mandrier, selon la FFESSM) encadrent chaque année plus de 8 000 plongées loisir (FFESSM Var).

  • Pour débuter : les plages du Mourillon et de Balaguier offrent un accès facile à des zones sableuses, idéales pour le baptême et la “bulle” d’exploration.
  • Pour progresser : le Cap Brun, avec son tombant jusqu’à 18 mètres, permet d’enchaîner les exercices d’orientation, et d’approcher la faune sur de petites arches tapissées de gorgones.
  • Pour l’adrénaline : les îlots des Deux Frères, véritables sentinelles rocheuses, proposent des descentes spectaculaires, souvent fréquentées par les congres, mostelles et barracudas.

À noter, le réseau de bouées d’amarrage mis en place par la métropole, permettant aux clubs et plongeurs autonomes de limiter leur impact sur les herbiers et la faune fragile.

Des initiatives locales pour une plongée durable

À Toulon, la plongée n’est pas qu’un loisir : c’est aussi un levier de sensibilisation et d’action citoyenne. Plusieurs clubs participent chaque année à des opérations de nettoyage (Septentrion Environnement) et à des protocoles de suivi scientifique sur les fonds marins.

  • Depuis 2015, plus de 15 tonnes de déchets ont été extraites de la rade (source : Ville de Toulon).
  • Les clubs proposent des formations “écorresponsables” pour apprendre les bons comportements sous-marins : ne pas toucher les espèces, gérer sa flottabilité, signaler toute pollution…

La dynamique “plongée responsable” est également soutenue par des structures AVF ou Tourisme & Handicap, qui démocratisent l’accès à la pratique, avec du matériel adapté et des moniteurs spécialisés.

Anecdotes, records et légendes locales

La rade de Toulon ne manque pas de folklore, à commencer par le fameux “dragon sous-marin” du Cap Brun, immortalisé par le dessinateur toulonnais Robert Pellegrin. Plusieurs records de plongées longues durées ont été battus ici dans les années 1960 par les pionniers du Spirotechnique, partenaires de Cousteau.

C’est aussi dans la rade qu’a été organisée la première compétition nationale de photo sous-marine du sud de la France en 1967, préfigurant l’essor de la discipline.

Quelques conseils avant de plonger

  • Privilégier les créneaux matinaux, où la visibilité est maximale (10-25 m l’été).
  • Vérifier les bulletins météo (vents d’Est, houle et mistral peuvent compliquer l’accès à certains spots).
  • Respecter les réglementations locales (zones militaires, arrêtés de protection, etc.). Les clubs toulonnais sont informés en temps réel par la Préfecture Maritime.

Pour ceux qui hésitent entre plusieurs sites, certains clubs proposent des “safaris épaves” sur un week-end, pour une immersion totale dans l’histoire locale.

Toulon, carrefour méditerranéen de la plongée

Derrière ses faux airs de ville "dortoir marine", Toulon incarne la nouvelle frontière bleue de la plongée française. Carrefour de passionnés, la rade conjugue accessibilité, diversité écologique et histoire maritime dans un espace unique en son genre. Des débutants curieux aux plongeurs les plus expérimentés, tout le monde y trouve sa bulle, sous le regard complice des pêcheurs, des sentinelles du port et des vieux briscards du coin. À l’instar de ses fonds marins, Toulon a enfin émergé au grand jour comme un incontournable du circuit méditerranéen.

Pour aller plus loin : plongez sur les sites de la FFESSM Var, consultez les actualités du Ifremer et renseignez-vous auprès des clubs locaux pour une expérience inoubliable.

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