Stade Mayol : cœur battant du rugby toulonnais et théâtre d’émotions uniques

26 juin 2025

cofstoulon.fr

Un écrin au cœur de la ville : l’architecture singulière du stade Mayol

Le stade Mayol ne ressemble à aucun autre stade en France. Enclavé entre la Méditerranée et le centre-ville, blotti au pied du mont Faron, il fait littéralement partie du paysage urbanistique de Toulon. Inauguré en 1920, il est l’un des rares stades de rugby à être aussi central, à quelques encablures du port et de la fameuse rade.

Ce choix d’implantation n’est pas anodin. Son donateur, le célèbre chanteur toulonnais Félix Mayol, voulait que le rugby soit au cœur de la vie des Toulonnais. Pari réussi puisque, cent ans plus tard, il reste un point de ralliement incontournable, où l’on peut entendre les chants de supporters jusque dans les rues adjacentes. Même les passants qui n’arborent pas le maillot rouge et noir finissent par suivre l’ambiance qui déborde des tribunes.

Félix Mayol : le mécène visionnaire à l’origine de la légende

Félix Mayol, icône de la chanson française au début du XX siècle, n’a jamais renié ses racines toulonnaises. Son geste reste unique dans l’histoire du sport hexagonal : il fait don de ses cachets parisiens pour permettre l’édification d’un stade moderne, dédié à “son” club, l’ancêtre du Rugby Club Toulonnais (RCT). Une histoire pleine d’humanité, de fidélité et de générosité.

Sa célèbre phrase, « J’ai voulu que Toulon ait son stade, je l’ai payé de ma poche ! » (source : archives Ville de Toulon), fédère depuis des générations toutes les couches de la population toulonnaise autour du même blason. Cette symbolique a forgé l’ADN du stade : il n’appartient ni à une multinationale, ni à un actionnaire de passage, mais à tous les Toulonnais.

Un théâtre de gloires et de drames : les hauts faits qui ont forgé la légende

Le stade Mayol, c’est une succession de souvenirs marquants, entre euphorie collective et déceptions rageuses, qui alimentent sa légende :

  • La finale de 1931, où Toulon décroche son premier Bouclier de Brennus, propulsant la ville sur la carte du rugby français.
  • Les fameuses joutes contre Béziers ou Toulouse dans les années 1970 et 1980, où Mayol devient forteresse imprenable : le RCT reste invaincu à domicile en championnat pendant 3 ans (1973-1976 – source : L’Équipe).
  • Le retour triomphal de Jonny Wilkinson en 2013, lorsque Toulon soulève sa première Coupe d’Europe. Ce soir-là, la fête déborde jusque dans les rues, symbole d’un stade qui ne connaît aucune frontière physique.

Le palmarès du RCT sous la bannière de Mayol donne le vertige : 4 titres de Champion de France (1931, 1987, 1992, 2014), 3 Coupes d’Europe consécutives (2013, 2014, 2015) – une première dans l’histoire de la compétition. Les grandes épopées, relayées par France 3 Provence, sont indissociables des frissons vécus collectivement à Mayol.

L’ambiance Mayol : l’alchimie unique entre gradins, pelouse et supporters

Quiconque a déjà assisté à un match à Mayol connaît ce sentiment d’être “dans le chaudron”. La proximité des tribunes, souvent à moins de cinq mètres de la pelouse, crée une intimidation palpable pour l’équipe adverse. On dit que certains clubs redoutent autant le climat du Sud que la voix des travées de Mayol.

Les “pilous-pilous” : cri du cœur des supporters

La tradition du Pilou-Pilou, scandé avant chaque match, fait partie de l’ADN du stade. Cette incantation, créée en 1946 par Marcel Bodrero, galvanise joueurs et supporters. Voir tout un stade s’unir autour d’un même cri, « Parce que Toulon ! », donne des frissons – et pas qu’aux locaux.

Autre détail qui fait mouche : l’absence, jusqu’en 2018, de « virage visiteur » à proprement parler. Les supporters adverses sont englobés au cœur des tribunes toulonnaises, créant un climat… épicé ! Ce mélange unique forge l’une des ambiances les plus chaudes de l’Hexagone (source : Midi Olympique).

Le stade Mayol, bouillon de culture et vecteur d’identité toulonnaise

Au-delà du rugby, Mayol est un point de convergence de la vie locale. Le stade accueille des concerts, des rassemblements associatifs et même, lors de la Libération en 1944, les premiers grands meetings de la République restaurée à Toulon (cf. La Marseillaise). Il demeure donc un symbole de résilience et de solidarité, un carrefour d’émotions et de mémoire.

Autre fait marquant : la toponymie de ses tribunes. Chacune porte un nom chargé d’histoire – “Bonnus”, “Delangre”, “Castell”, “Finale” – rendant hommage à des figures locales et à des moments clefs du club. S’asseoir à Mayol, ce n’est donc pas seulement regarder un match, c’est aussi s’inscrire dans une continuité historique pétrie d’anecdotes.

Mayol et la passion populaire : une dimension sociale incontournable

Ce qui distingue aussi Mayol des autres stades, c’est son public. Le rugby à Toulon, c’est une affaire de quartiers, de familles, de générations. L’engouement ne se dément pas : près de 17 500 spectateurs en moyenne (parmi les plus grosses affluences de France pour un stade “historique” de cette capacité – source : LNR).

  • Les abonnés se transmettent leur précieux sésame de génération en génération.
  • Les “anciens” racontent les soirs de tempête où seuls les vrais restaient jusqu’au bout, malgré le mistral et les vagues qui, parfois, s’invitent jusque sur la pelouse.
  • Le club de supporters “Les Fadas du RCT” fêtera bientôt 30 ans d’existence, présent à chaque déplacement et lors des entraînements ouverts au public.

On y croise tous les milieux, preuve que Mayol est bien ce miroir social si particulier qui fait la force du rugby à Toulon.

Modernisations, défis et avenir d’un stade historique

Mayol, ce n’est pas un musée figé. Nombre de travaux d’agrandissement et de modernisation ont depuis jalonné son histoire. En 2015, la tribune Finale a été entièrement rénovée pour améliorer l’accueil, la sécurité et l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Parmi les défis du futur : répondre à la demande croissante de places et maintenir l’ancrage local sans céder au tout-business des stades “boîtes à chaussures”.

Le projet de couverture partielle de l’enceinte (étudié en 2020, source : Var-Matin) témoigne de cette volonté de préserver l’existant tout en s’adaptant aux attentes modernes. L’équilibre n’est pas simple à tenir, mais les décideurs locaux semblent conscients de l’urgence de ne pas défigurer ce bijou de la culture toulonnaise.

Et après ? L’esprit Mayol, toujours vivant

Le mythe de Mayol, c’est aussi une capacité à traverser les périodes de vaches maigres, à se réinventer, à fédérer les nouveaux Toulonnais, tout en gardant sa saveur populaire et rugueuse. Après la pandémie et une période de résultats variables pour le RCT, il reste le QG de tous les espoirs.

Plus qu’un stade, Mayol est le personnage principal d’une histoire sans fin, témoin du lien unique qui unit une ville à son club, à travers les générations.

Pour aller plus loin

  • Site officiel du Rugby Club Toulonnais : www.rctoulon.com
  • Archives municipales de Toulon
  • L’Équipe, dossiers “Top 14”
  • France 3 Provence-Alpes, reportages sur le stade Mayol
  • Midi Olympique, histoires et anecdotes sur le public toulonnais
  • La Marseillaise, articles sur la Libération à Toulon

Le stade Mayol n’est pas seulement “mythique” : il est vivant, bruyant, passionné et inimitable. Tant qu’il y aura du rugby à Toulon, son nom résonnera comme la promesse d’une ferveur qui ne meurt jamais.

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